Par : Eddy Garnier
Je suis un lâche
Comment comprendre
Que dans cette aventure sans issue
Je m’obstine à accuser les étrangers
Je l’admets je suis un lâche
Je n’ai fait aucun effort pour me prendre en main
Je l’admets
J’accuse sans cesse l’Amérique l’Europe :
Les États-Unis la France
Et les organismes internationaux sans cesse sans cesse
Je l’admets que
Je sois incapable de prendre les décisions qu’on m’impose
Il me faut toujours quelqu’un pour m’aider à réfléchir
Quelques uns pour m’aider à agir pour moi
Jamais pour les autres
─Tu es un lâche
Comment peux-tu continuer
À attendre après le gouvernement
En criant sans arrêt qu’il refuse de ne rien faire
Que le gouvernement se fout de ce qui se passe
Tu es un lâche
Ils ont kidnappé ton père ton frère et ton fils
Tout ce que tu trouves à faire c’est une marche pacifique
Que tu es patient que tu es patient
Ils les ont tués froidement décapités
Et leurs têtes mises dans un sac brun en papier
En guise de trophée empaillé dans les antichambres du palais
Tu pleures tu cries tu t’indignes et tu fermes la trappe de douleurs
Ils ont kidnappé et violé ta soeur ta mère et ta fille
Que tu es un lâche un salaud un moins que rien mon frère Pour m’avoir répondu
─ Que la lâcheté est une vertu
Et que les lâches enterrent leur mère
Oh oui! Kapon antéré manman l
─ C’est parce que tu ne réalises pas
Que lorsque tu es zigouillé tu ne sais plus rien
Prends conscience peur ou pas peur ils te zigouillent
Sauf que tu ne le sais plus
Mais les tiens pleureront ta perte dans la peur effroyable
Tu cries encore à l’injustice
Et tu promets de faire une autre marche pacifique
─ Nous sommes des lâches
Comment pouvons-nous continuer ainsi
Je ne sais plus quoi dire faire penser
Ils ont encore kidnappé
Mais notre parole cette fois-ci
Ils ont tué le poète le journaliste l’acteur la voix de la vérité
Ils ont tué le journaliste
Ils ont tué l’acteur la voix de la vérité
Qu’allons-nous faire
Maintenant que le crime est la nouvelle religion
Nous avons promis de réaliser une plus grande marche de la paix
Au cours de laquelle nous vanterons les mérites du journaliste
Demain soir pendant ou après la marche
Et qu’incognito les criminels nous accompagneront
Nous cibler
Nous crierons notre impuissance
Nous pleurerons notre lâcheté
Alors qu’ils riront de nous et nous prendront en pitié
Car ils n’ont pas peur de mourir eux
Ils savent qu’il n’y a plus d’avenir pour eux
Leur seule consolation est de nous voir baver dans nos fesses
Nous les bourgeois ou nous de la classe moyenne
Plus rien à faire tout est confondu maintenant
N’avons-nous pas honte
De ne pas être capable de trouver une issue
À notre propre sauvetage
Nous connaissons leurs visages
Nous savons leurs cachettes
Nous connaissons leurs noms
Nous ferons la marche jusqu’à leurs portes
Nous n’avons pas besoin de la MINUSTAH de L’ONU Nous n’avons pas besoin de la police
Aujourd’hui nous avons grandi
Nous n’avons plus peur
Nous sommes des milliers que dis-je
Nous sommes des millions
Eux ils sont moins que deux dizaines
Nous marcherons ensemble nous irons tous les jours
Roder dans leurs quartiers les hanter
Nous irons les pointer du doigt
Nous montrerons à la police et à la MINUSTAH de L’ONU
Que nous n’avons pas peur de défendre nos familles
Ils sont moins que deux dizaines
Nous ferons la marche ultime
Désormais nous ne verserons plus de rançons
Pardon?
Mon Dieu on vient de me sommer de me taire
Désormais je suis bâillonné pour toujours
Cher MINUSTAH de L’ONU délivrez-moi de vous
Je suis barricadé sourd muet et atrophié
Mortifié
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